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La conquête du droit à l'éducation
Pouvoir s'instruire au lieu d'être contraint à travailler pour gagner sa vie est un droit pour les jeunes d'aujourd'hui en France, mais il n'en a pas toujours été ainsi. Comment le droit à l'éducation a-t-il été reconnu ? Comment s'est-il développé ? Peut-il être encore mieux respecté ?

1. De « l'école privilège » à l'école pour tous 

Recevoir une instruction a très longtemps été considéré comme un privilège. Les écoles existent dès l'apparition de l'écriture, mais elles sont peu nombreuses, payantes et forment seulement une élite. L'essentiel de la population ne sait pas lire : elle est majoritairement analphabète. En France, à la veille de la Révolution (xviiie siècle), l'enseignement est souvent confessionnel, c'est-à-dire qu'il est assuré en grande partie par l'Église catholique. Il est toujours payant sauf pour quelques boursiers dont l'Église prend en charge les études. Il est, en outre, très différent pour les garçons et pour les filles, qui ne vont pas à l'école ensemble. Les études des jeunes filles se limitent à l'instruction primaire (lire, écrire, compter) et à l'éducation religieuse.

Dès la Révolution, les partisans de la démocratie sont aussi ceux de l'école pour tous (projet de Condorcet, 1793). Ils sont conscients que le peuple ne peut bien choisir son gouvernement que s'il est éduqué, capable de comprendre les enjeux de son choix. L'école pour tous sera, comme la démocratie, une conquête politique. Tout au long du xixe siècle, les écoles deviennent plus nombreuses et les études moins chères, mais tant que l'école n'est ni gratuite, ni obligatoire, les familles les plus pauvres n'ont pas d'autre choix que de faire travailler leurs enfants : il est seulement interdit de travailler en usine avant l'âge de dix ans, le travail des enfants est donc encore très courant à l'époque.

La IIIe République (régime qui dure de 1870 à 1940) établit enfin solidement la démocratie en France, en grande partie en imposant l'école pour tous. Les lois Ferry, du nom de Jules Ferry qui fut plusieurs fois ministre de l'Instruction publique (ancêtre de l'Éducation nationale), créent entre 1879 et 1882 l'école primaire publique, gratuite et obligatoire pour les garçons et pour les filles. Ces lois, plus celle adoptée en 1866 par les successeurs de Jules Ferry, suppriment en outre tout contrôle de l'Église sur l'école publique : l'école devient laïque.

2. La démocratisation des études

Les réformes de Jules Ferry ne font pas disparaître brutalement toutes les inégalités face à l'éducation. Seule l'école primaire est alors gratuite : l'analphabétisme disparaît pratiquement, mais beaucoup de jeunes commencent à travailler dès qu'ils ont obtenu leur certificat d'études (diplôme que l'on passait à la fin du primaire). Les filles ne reçoivent toujours pas le même enseignement que les garçons, et même celles qui font des études longues ne peuvent entrer que dans un nombre limité de professions (elles deviennent institutrices, infirmières, secrétaires, etc.).

Le xxe siècle sera, en France, celui de la démocratisation des études, de l'accès pour tous à l'enseignement secondaire, puis au supérieur. Le droit à l'éducation, reconnu comme un droit fondamental en 1946, doit se traduire par une véritable égalité des chances : chacun, quels que soient ses origines et son milieu, doit pouvoir étudier aussi longtemps qu'il le veut et qu'il en a la capacité. Le collège et le lycée deviennent gratuits dans les années 1930, puis c'est le tour de l'université (même s'il faut toujours payer des droits d'inscription). En 1946, la scolarité devient obligatoire jusqu'à 16 ans, et le travail est interdit avant cet âge. Garçons et filles étudient ensemble dans les mêmes classes à partir des années 1960 : c'est la mixité. Aujourd'hui, plus de 60 % des jeunes des deux sexes obtiennent le baccalauréat et plus de la moitié suivent ensuite des études à l'université.

3. Une conquête à poursuivre

Ces succès ne doivent pas faire oublier qu'il y a encore aujourd'hui des limites au droit à l'éducation. L'école est gratuite, de même que les livres scolaires jusqu'en classe de 3e, mais les fournitures ne le sont pas, pas plus que l'accès à la culture et à l'information (autres livres, entrées aux musées, etc.). D'où l'importance des services publics culturels (bibliothèques municipales) et de la solidarité envers les familles modestes (allocations de rentrée). Hors de France, il y a encore de nombreux pays où la majorité des enfants travaille au lieu d'aller à l'école : garantir à ces enfants le droit à l'éducation est un enjeu de solidarité internationale.
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